Elles en veulent ! Etre femme, sportive et en situation de handicap, serait-ce accumuler les difficultés ?
Si l’image du handisport ou du sport ouvert aux personnes en situation de handicap est relativement familière du grand public, si cette reconnaissance est également nourrie par l’intérêt suscité par les jeux paralympiques, au quotidien, ces avancées, réelles, ne doivent pas occulter combien cette timide reconnaissance est fragile et combien l’inclusion des personnes dites différentes reste une lutte incessante. Comme reste un combat la place et la reconnaissance des femmes dans le milieu sportif. Comme reste fragile la légitimité de la voix des femmes. Alors être femme, sportive et en situation de handicap, triple peine ? La rencontre avec de jeunes sportives ont été l’occasion d’aborder ces questions sur leur terrain de jeu. Un constat : l’aspect handicap tend à prendre le dessus gommant leur légitimité en tant que sportive à part entière. Le sport qu’elles pratiquent ne sont pas ni disciplines au rabais ni des pis-allers et encore moins de l’occupationnel ; toutes revendiquent le droit d’être prises au sérieux.
« Je suis bien avec mon handicap mais je ne veux pas qu’on me limite à cela » (Fanny)
En 2015, j’ai fait une hémorragie cérébrale. Suite à cela, j’ai perdu tout l’usage de mon côté gauche. Lors de ma rééducation, on m’a proposé de faire du vélo adapté. Mon handicap me freine pour certains sports (par ex. le handball et le sport en chaise) du fait de mon côté non-valide. Dans le sport, j’aime l’aspect compétition et dépassement. Quand je roule à vélo, celui-ci suscite la curiosité et les gens sont souvent impressionnés, même si certains ne perçoivent pas qu’il y a un handicap derrière.
Femme, handicap et sportive ? Il y a plus de place accordée aux hommes et oui, il est important que l’on parle de nous, qu’on revendique notre spécificité. Je suis à tendance positive mais c’est galère parfois et on doit trouver notre chemin toute seule. On se bat… mais est-ce que parce qu’on est une femme ? Est-ce parce que je suis handicapée ? Quand on cumule le tout, comment en faire une fierté ?
Parfois, on remet en question mes capacités et le handicap reprend le dessus. Je n’ai pas l’impression d’être surhumaine mais je suis souvent surprise par l’effet « waw »… et cela me donne l’envie de me battre, de continuer. Alors oui, tu as un handicap mais la vie est belle et il faut juste se donner un coup de pied au cul.
« Handicap ne rime pas avec débile »
Cela fait plus d’un an que Mandy (extrême droite s’entraîne à la boccia, pétanque adaptée et reconnue comme discipline paralympique,… un moyen pour elle d’accéder à une certaine autonomie et de sortir de chez ses parents. La boccia lui demande concentration, patience et stratégie. Depuis qu’elle pratique ce sport, ses parents constatent ses progrès, elle ose davantage, prend plus d’initiatives. Montrer que le sport n’est pas limité à, que tout le monde a le droit de pratiquer ce qu’il aime moyennant des adaptations, c’est le message qu’elle veut faire passer.
Après chaque partie, les participants ramassent les balles. Comme Mandy ne peut se baisser, on lui a fabriqué une sorte de fourreau qui lui permet de remonter les balles.
Avant d’interroger la place des femmes qui est problématique en tant que telle, c’est d’abord et avant tout celle de la personne handicapée trop souvent réduite à des « débiles » qui est à travailler.
« La trisomie n’est pas la fin d’une vie mais le début »
Nathalie a 25 ans et pratique le golf depuis 2017, elle est ambassadrice wallonne du paragolf qu’elle pratique deux fois par semaine, en plus de l’équitation, de la conduite en calèche et de la marche. Ce qu’elle aime dans le golf, c’est « jouer ensemble et gagner des médailles et des coupes » car elle participe très régulièrement à des compétitions. « J’aime gagner » dit-elle avec fierté.e paragolf reste encore confidentiel malgré tout mais à long terme, les pratiquants et les fédérations dont la Fédération royale de golf espèrent le voir reconnu comme disciple paralympique.
Toute la famille, et plus particulièrement, sa maman Bernadette (qui a arrêté de travaille pour accompagner Nathalie), ses sœurs Cassandra et Autore, est mobilisée autour de la jeune femme pour que celle-ci puisse exercer sa passion : entre la conduire à ses entraînements, la coacher mais aussi la rassurer. Si la jeune femme, et son team, ouvre des portes, il y en a eu aussi beaucoup de claquées tant les a priori restent tenaces sinon violents. Compte tenu de ses particularités, Nathalie a besoin d’un encadrement et d’un vocabulaire adapté. Par exemple : « petit biscuit » correspondra à un type de mouvement du club, au lieu de croix de pénalité, on lui mettra des « coccinelles » Cassandra (ici à gauche) l’aide à trouver le bon mouvement.
Avoir du bon matériel, participe de la reconnaissance de Nathalie: » ce sont mes clubs ». Les compétitions remportées permettent qu’elle puisse être considérée et se considérer avec fierté. Tout ceci a un prix et ne va pas sans sacrifice notamment financiers…