Le Refuge
Légendes:
Photo 1 | Le Refuge fait partie de l’Arbre qui Pousse, cette écoferme nichée dans le Brabant wallon et qui rassemble plusieurs projets axés, entre autres, sur la transition écologique. La colocation occupe un appartement-duplex dans un des bâtiments de la ferme. | |
Photo 2 | L’idée, présente dès la création de l’Arbre, est d’offrir un accueil de quelques semaines à 3 mois à toute personne en fragilité émotionnelle, socio-économique ou tout simplement qui souhaite faire une pause. | |
Photo 3 | C’est Emeline (à gauche) qui a inauguré le projet et qui a rejoint les deux permanentes Aurèle (au centre) et Béatrice (à droite). Si elles ont le statut de « permanentes », celles-ci songent toutefois à l’après. Aurèle est en train de mettre en place un autre type d’habitat : je vais déménager mais ayant fait cette expérience et gouté aux facilités de l’intelligence collective, est-ce que je ne vais pas réitérer ? Et à long terme, je ne vais pas rester en colocation à long terme mais la suite ne sera pas de vivre toute seule mais peut-être au sein d’un projet collectif (Beatrice).Emeline, après cette pause, a rejoint une habitation protégée. | |
Photo 4 | Le projet reste en réflexion permanente et est amené à s’adapter à chaque nouvel arrivant. Les permanentes ont plutôt à cœur que la dynamique soit bonne plutôt que de se braquer, Beatrice nuance toutefois : je pourrais anticiper qu’il y aura des personnes plus difficiles, plus compliquées mais je ne suis pas toute seule ; avec le privilège en outre qu’elle et Aurèle disposent de formations (communication non-violente, pleine conscience, …), qui les rendent plus aptes à gérer de potentielles difficultés. Bientôt, une nouvelle personne prendra le relais d’Emeline : un homme en situation d’exil. Cette arrivée pose de nouvelles questions en terme de projet : le caractère transitoire de l’accueil ne fait-il pas pire que bien ? | |
Photo 5 | Emeline dans les bras de Béatrice, l’une des permanentes. Si le Refuge est un cocon, ce n’est pas un appartement supervisé. on peut discuter et réfléchir mais dans le geste quotidien. C’est considérer la personne accueillie comme quelqu’un de libre, autonome et en pleine capacité. On est des colocs, je ne suis pas ton assistante sociale: on vit ensemble en étant curieux de ta vie parce que c’est chouette (Aurèle, une des permanente). De même, j’avais besoin de me ressourcer mais pas seule. Cela m’a fait du bien d’être en coloc avec des femmes plus âgées. On se sent sur le même pied d’égalité et je ne suis pas une personne supervisée mais une personne à part entière. Ici, je suis Emeline. |
Libellune
Photo 1 | La maison est située au bout d’une longue allée et jouxte le jardin et celui de la propriétaire formant ainsi un îlot préservé du voisinage. Ici, dans le quartier, c’est un peu chacun chez soi. Au départ du projet né il y a 3 ans, les aléas de la vie d’une maman qui après une séparation ne veut pas vivre seule dans le Brabant wallon et l’envie de créer une colocation de femmes dans la même situation. La rencontre avec une propriétaire solidaire et portée par la même envie a permis que le projet se concrétise rapidement et évolue. |
Photo 2 | Actuellement, la grande maison avec ses six chambres est occupée par Nina (42 ans – à droite) et son fils Léon, Katrien (42 ans, au centre), Géraldine (32 ans, à gauche), Maëlle (37 ans) et sa fille (ndlr. toutes deux non présentes lors de l’interview). Libellune se veut une maison de femmes en transition, offrant un lieu ressourçant et qui aide à vivre cette transition sans être dogmatique (Géraldine). Toute postulante sait qu’y habiter implique plus que de profiter d’un loyer raisonnable, dans un endroit au vert à proximité de l’autoroute. Le bail est volontairement d’une durée de 1 à 3 ans maximum et ce, pour éviter toute appropriation « abusive » de l’espace. La plupart se projette ailleurs et naturellement. Ici, c’est un lieu temporaire mais ce n’est pas ma maison (Katrien). Ainsi, c’est un lieu de ressources pour s’envoler et il faut qu’il y ait un après (Nina) |
Photo 3 | Comment se passe une colocation avec des enfants ? Avec les gardes alternées ? le postulat est clair : tous les enfants sont là en même temps. Non pas tant pour le plaisir des grandes tablées que pour permettre à chacune et plus particulièrement pour les mamans solos de renouer avec leur vie de femme. Géraldine, elle-même sans enfant, s’avoue positivement surprise de la fluidité de la communication et de l’équilibre trouvé. On peut passer de zéro à 10 et cela offre toute une gamme de constellations possible (Katrien). La maison est par ailleurs suffisamment grande pour s’isoler et il n’y a pas de formalisation explicite des règles même si le nettoyage et le rangement sont un peu plus à travailler (Katrien). De l’avis de Nina, maman de Léon, la disparité qu’il peut y avoir les systèmes d’éducation est plutôt atténuée : on fait tiers mais cela ne nous empêche pas de pouvoir dire à l’autre : « ton gamin me tape sur le système » et on en parle. L’enfant est entouré d’autres adultes référents avec des visions différentes. |
Photo 4 | Toutes sont passées par un difficile moment de burn out et pouvoir en parler ensemble sur le sens à y apporter est important. A côté de cette attention au bien-être, les habitantes s’inscrivent aussi dans une démarche attentive à la nature, à la décélération, au soin de soi. |
Photo 5 | Quel est le regard de leur compagnon sur ce mode d’habitat exclusivement féminin ? nos mecs, quand ils viennent, doivent assumer/accepter que quelque d’intime circule entre nous. Mon compagnon trouve cela curieux et il a observé que cela me faisait du bien. Si je passe du temps chez lui, j’ai besoin de revenir ici car c’est ici que je m’ancre et que je me ressource (Geraldine). Et de conclure, il y a quelque chose de la tribu, du cercle des femmes. Vivre entre femmes renoue avec quelque chose d’ancestral (Nina) |
Lazare
Photo 1 | « Lazare » est un projet de colocation solidaire rassemblant des SDF et des jeunes actifs. Actif en France, en Suisse, en Espagne et au Mexique, Lazare dispose à Bruxelles de plusieurs maisons adjacentes et situées dans les beaux quartiers. Celles-ci sont occupées par des femmes (12), des hommes (10), par les familles accompagnantes (qui sont des personnes ressources pour les colocs), par des studios de transition et par le bureau. Une fois par mois, les maisons s’ouvrent aux voisins et amis via les « repas de l’amitié ». On aime aussi faire la fête ! (Laurent un des colocataires) |
Photo 2 | La colocation non-mixte observe un équilibre entre les jeunes actifs et ceux passés par la galère (Alexandre, le responsable du projet Belgique). Chacun, quel que soit son parcours, paye le même loyer et frais communs. Tout le monde est ainsi coloc’ sur le même pied d’égalité. Je suis dans cette période de transition quelque part entre deux familles – celle d’où je viens et celle que je fonderais. Vivre à Lazare est une expérience idéale, (Harold, un des colocataires). |
Photo 3 | Les personnes de la rue sont référées par des associations qui ont déjà fait un travail de 1ère ligne (Samu social, l’Ilôt, …). Pour celles-ci, venir habiter à Lazare n’est soumis à aucune contrainte de durée. La personne peut s’approprier le temps, tant qu’elle avance dans sa démarche personnelle et dans un souci d’agir. Ici, ils sont chez eux. L’accompagnement social se fait ailleurs et la personne s’engage à la suivre (Alexandre). Des critères président à l’accueil : la personne doit être en situation légale, stable psychologiquement ou apte à gérer d’éventuelles médications, elle n’est pas placée à Lazare, elle choisit d’y habiter avec des objectifs fixés par elle (Alexandre) |
Photo 4 | Le recrutement des jeunes actifs se fait via le bouche-à-oreille. Un an minimum d’habitation est requis, deux ans apparaît comme le maximum et ce, pour ne pas tirer sur la corde, pour garder un équilibre avec l’investissement avec la famille et les amis. |
Photo 5 | « Lazare » est une référence à la Bible : celui qui est sorti du tombeau mais aussi celui de la parabole (l’homme riche et le pauvre Lazare). La dimension chrétienne est inscrite dans la charte et elle a de l’importance tout comme celle de la charité et de l’amour pour la personne souffrante et de la liberté de conscience et de convictions… ou d’absence de conviction (Alexandre). Est-ce une goutte dans l’océan ? Il y a une satisfaction à voir les gens s’en sortir, à retrouver une capacité à aimer et à être aimé. |
La maison Poirier Dieu
Photo1 | La maison Poirier Dieu (du nom du quartier de Genval) est une maison d’autonomie pour 5 femmes porteuses de handicap. L’idée portée par les 5 familles de celles-ci était de créer une maison communautaire dans un esprit familial et d’entraide. La maison à côté de celle occupée par les jeunes femmes est habitée par des voisins « solidaires ». |
Photo 2 | (de gauche à droite), Laetitia, Nathalie, Mizaële, Marie, Mélanie, Astrid et Noémie. Le projet, dans le cadre d’une désinstutionnalisation du lieu de vie, est encadré par deux éducatrices (Nathalie et Noémie) qui, entre autres, assurent le relais avec le centre de jour fréquenté par les jeunes femmes en journée. Au retour de celles-ci, Nathalie et Noémie aident à la gestion quotidienne. Je me vois comme une sorte de majordome, de chef d’orchestre… ce qui nous importe c’est ce que les filles veulent, elles. (Nathalie). Le soir, on regarde la télé, on fait des jeux de société (Mizaële) |
Photo 3 | Comme dans toute colocation, il faut composer avec les affinités, les humeurs,… On constate qu’il y a une sensibilité forte, qu’elles ont beaucoup d’empathie l’une envers l’autre (Noémie). Régulièrement, un groupe de parole leur est proposé ainsi que des massages apaisants. |
Photo 4 | Régulièrement, les habitantes reviennent dans leurs familles respectives. Je préfère habiter ici, ici je me sens bien, c’est ma maison (Laetitia) et notre maison, c’est ici et rien d’autre (Mizaële). Si les éducatrices jouent la carte de l’autonomie, comment concrètement couper le cordon ombilical ? respecter leur désir d’intimité ? |
Photo 5 | Le projet est amené à évoluer et à évoluer avec les filles vieillissantes et les événements de la vie. |